Neptune, cette figure si prisée des plongeurs, a prêté son nom à cette grande réunion annuelle, la 34è du nom.
Pour faire court, la Coupe Neptune est un challenge qui réunit, chaque année, les clubs de plongée des différents sites d’une grande entreprise française. Après Galéria en 2009 et L’Estartit en 2010, je participais, à Saint Raphaël, à ma troisième Coupe. Cette « compétition » entre les différents clubs est surtout l’occasion de plonger, et de partager notre passion avec de nouveaux binômes. La compétition se résume à des questionnaires divers et variés durant les repas, et des jeux durant les plongées.
Les repas sont le théâtre des plus âpres négociations dans l’échange des réponses. Bien que ces questionnaires ne m’aient jamais interpellé plus qu’il n’en faut, j’avoue que cette fois, dès le début, je me suis pris au jeu. Le premier thème abordait la bio, donc oui, en effet, je fus de suite emballé. Je tiens encore à féliciter les organisateurs, pour les différents jeux proposés, sur terre comme sous la surface.
Jeu des 7 erreurs ou observation accrue des détails ?
Questions à la sortie : combien d’erreurs, et combien de bulles ?
La Coupe Neptune, c’est avant tout de la plongée. Les sites visités furent le Lion de Mer à quelques encablures du port de Saint–Raphaël, ainsi que le Cap Dramont et les abords de l’Ile d’Or. Plus de 120 personnes s’étaient donc donné rendez-vous à Saint-Raphaël en ce radieux début d’octobre (méchant coup de bol après la pitoyable météo de fin septembre). Parmi elles, environ 90 plongeurs, de tous niveaux. Pour satisfaire tout ce petit monde, les organisateurs avaient fait appel à deux entités : le club local « Aventure sous-marine » et le club voisin «Alpha Beluga » de Fréjus. Deux bateaux, un vieux en bois et une vedette (surnommée la barge-alu), plus un « vestiaire », un bateau pour balader les touristes, reconverti en aire de séchage. A part qu’au bout de deux jours, ce vestiaire sentait le fauve … c’était nickel.
le bateau vestiaire
90 plongeurs qui se croisent lors des rotations,
ça met un minimum d’ambiance sur les quais.
Du 4 au 7 octobre, nous effectuâmes sept plongées. Ca a tourné plein pot, à raison de deux rotations par demi-journée.
Ma première journée fut passée à bord du bateau en bois, « Archimède », que nous nommions le « Chalut ». Le club Alpha Beluga, et plus particulièrement le pilote Ludo, annonçait très vite la couleur. Un sympathique pavillon noir flottait sur le chalut, et un requin semblait, par sa présence apporter sa protection aux plongeurs, tel un totem.
Le Lion de Mer, la Grotte à Corail, le Sec des Pyramides, le Sec des Cigales, les Arches, le Sec du Poisson Lune furent nos espaces de jeu, durant ces quatre jours. De plus, une eau de 24 à 21°C nous a permis de profiter pleinement de nos immersions.
Le Lion de Mer, site le plus proche de Saint-Raphaël, fut ma première découverte. Cet ensemble rocheux, semi immergé, offre un plateau sous-marin, une arche, deux statues, un tombant jusque plus de 40 mètres, et une grotte - ou plutôt une espèce de voûte - creusée d’une multitude d’anfractuosités où le corail rouge a élu domicile, entre 25 et 37 mètres. Cette grotte serait unique au monde.
Le premier parcours proposé nous faisait passer sous l’arche, puis traverser le plateau, avant d’attaquer le tombant. Même si ce site n’a rien d’exceptionnel, le relief inhabituel rend la plongée vraiment très agréable. La faune y est abondante, outre les traditionnels bancs de sars et castagnoles, de nombreux chapons et rascasses, murènes, flabellines mauves ou doris dalmatiens agrémentent la promenade. La faune fixée est d’un grand classique, beaucoup de gorgones jaunes sur le tombant, et quelques individus rouges au-delà de 35 mètres. Deux binômes hyper-cool me permirent de réaliser pas mal de clichés.
Chapon (scorpaena scrofa)
Gorgone rouge caméléon (paramuricea clavata)
Flabelline mauve sur un hydraire (flabellina affinis)
Cette plongée, relativement simple à effectuer, eut malheureusement ces « pertes ». En effet, une palanquée dut sortir son parachute pour signaler sa présence à un endroit pas du tout convenu pour les retrouvailles. Vu l’aspect délavé du parachute, gageons qu’il s’agit là d’un plongeur habitué à s’en servir …
Je m’attarde quelque peu sur cette première journée, car la suite fut épique, et vaudrait à elle seule un article sur ce blog.
Toujours sur le Chalut, pour la plonge d’après-midi, nous remarquions dès la sortie du port que la mer n’était plus aussi plate que le matin. Déjà, le vent observé de la terre ferme nous avait mis la puce (de mer) à l’oreille. Le trajet vers le Cap Dramont fut assez mouvementé. Une heure de navigation, à se faire brinquebaler de droite et de gauche. Pour les non-initiés, le chalut semblait courir à sa perte, à chaque assaut des vagues. Je fus même étonné qu’il n’y ait personne de malade, surtout si peu de temps après le repas. Les décibels envoyés par la sono du bateau permettaient, sans doute, de penser à autre chose.
Archimède s’amarrait à la bouée au-dessus du Sec des Pyramides. Ce site se présente comme une succession de patates de 12 à 60 mètres, c’est le genre d’endroit qui me fait apprécier la plongée en Méditerranée. Nous nous sommes régalés durant 54 minutes, pendant lesquelles nous avons fait le tour de trois patates jusque 30 mètres de profondeur : dentis, mérous, barra, murènes, sans oublier une impressionnante concentration de grandes nacres (l’une d’elles mesurait environ 60 cm, pour sa partie « aérienne »).
Grande nacre (pinna nobilis)
Approchant de la fin de notre plongée, nous revenions vers le bateau et effectuions notre palier de sécu juste en-dessous … sauf qu’à un moment, le bateau avait tout bonnement disparu de notre champ de vision. L’amarre avait cassé et Archimède avait dû s’éloigner. La remontée à bord : un truc de sauvage ! Que personne ne vienne me dire que la plongée, c’est pas du sport. Alors que chacun son tour, nous essayions d’attraper l’échelle, celle-ci faisait des va-et-vient entre l’eau et la surface. Et une fois l’échelle entre les mains, le plus dur était de ne pas la lâcher, tout en remontant, bloc sur le dos, palmes aux pieds. L’aide apportée par l’équipage n’était pas superflue.
Pour l’anecdote, nous plongions à proximité de l’Ile d’Or, surmontée d’une tour qui aurait inspiré Hergé pour son album de Tintin, « L’île noire ».
Les plongées se sont succédées ainsi durant quatre jours, une fois sur le Lion de Mer, une fois au Cap Dramont.
Le Lion de Mer, comme écrit plus haut, n’est pas un endroit exceptionnel, mais les rencontres y sont tout aussi intéressantes qu’ailleurs.
Plan du site, photo prise sur la barge d’Aventure Sous-Marine.
La Sirène, statue en céramique, -18 m
Doris géant (hypselodoris picta)
Doris dalmatien (peltodoris atromaculata)
Langouste (palinurus elephas)
Au détour d’une roche, alors que nous remontions pour effectuer nos paliers, nous tombions sur ce duo de grands spirographes. Un vieux couple ? Leur panache suivait le mouvement de l’onde. Nous tournions autour quelques minutes, j’en tirais quelques clichés, sous tous les angles … Connaissant leur rapidité habituelle à rétracter ce panache, je suppose qu’ils étaient tellement obèses, qu’ils ne pouvaient plus rentrer dans leur combi !!!
Spirographes (sabella spallanzanii)
L’avantage de plonger avec des binômes zens et sensibles aux biotopes sous-marins, c’est que l’on peut prendre le temps pour certains clichés, qui méritent plus qu’un clic vite fait, en passant. Ma deuxième immersion sur le Lion fut riche en rencontres murènesques. Certes de petites tailles, ces murènes, bien que très craintives, ont su prêter leur bouille pour des tirages de portraits.
Murène (muraena helena)
et ses crevettes nettoyeuses rouges (lysmata seticaudata)
La dernière plongée sur le Lion fut une dérivante ; lâchés au bout du rocher, nous devions atteindre la « grotte » à corail vers 25 mètres, puis prendre le tombant pour parcourir toute la longueur du site. Corail rouge en-veux-tu-en-voilà, langoustes, doris géants … C’est un réel plaisir que de se laisser porter par le courant, sans songer au mano et les 100 bars fatidiques qui annoncent le demi-tour.
Corail rouge (corallium rubrum)
Autant les plongées sur le Lion de Mer étaient agréables de par le relief, autant les plongées au Cap de Dramont semblaient révéler un autre monde : profondeur, petites collines immergées, failles, arches et couloirs, omniprésence de mérous, concentration de grandes nacres, parois couvertes d’anémones encroûtantes jaunes, …
Gorgones rouges (paramuricea clavata) - sec des cigales
Trio de grandes nacres (pinna nobilis)
et binômette – sec des cigales
Mérou brun (epinephelus marginatus) - sec des cigales
Grande étendue d’anémones encroutantes
(parazoanthus axinellae) – sec des pyramides
Mais les organisateurs nous gardaient le meilleur pour la fin : le Sec du Poisson Lune. Voilà de la plongée programmée par excellence. Une patate plantée dans le sable à plus de 40 m, un sommet à environ 30 m, et des parois couvertes de gorgones rouges sur tout le tour. C’est sa forme qui lui confère ce nom. Vingt-cinq minutes pour faire deux fois le tour du rocher, puis remontée tranquille lorsque l’ordi annonce sept minutes de palier. Finalement, ce fut dix minutes que nous passâmes à glander sous le bateau. Mais le jeu en valait la chandelle.
Des nuées d’anthias semblaient nous submerger, durant cette plongée. Y a comme une vision « mer-rougienne » qui m’est apparue : en remplaçant les gorgones par des alcyonnaires translucides rouges, les anthias me donnaient l’impression de plonger sur un tombant égyptien.
Je propose de rebaptiser ce site : MOLA MOLA REEF !!!
Grande question que je soumettrai bientôt sur le forum du site Doris, photo à l’appui :
le doris dalmatien peut-il être considéré comme un parasite capable de vivre hors de l’eau ?
(Pour la petite histoire, je terminais 4è du concours individuel masculin, j’en suis encore tout retourné !!! )
Les Vidéos :
« born to wild dive »
http://www.dailymotion.com/video/xu9eyw_plongees-au-cap-dramont_sport
Le lion de mer (BO de Solaris)
http://www.dailymotion.com/video/xu9xsh_plongees-au-lion-de-mer-saint-raphael_sport
Toutes les photos, ici :
(Accessible à tous, même les allergiques aux réseaux sociaux)
Site internet des clubs :
http://www.aventuresousmarine.fr/ à Saint-Raphaël
http://www.alphabeluga.com/accueil.html à Fréjus