Cette journée du samedi 22 septembre avait pourtant mal débuté. L’automne faisait une entrée fracassante avec les premières pluies sur la région depuis un moment déjà. Puis l’été refusant de céder la place aussi facilement, le soleil a fait son apparition, et ne nous a plus quittés du week-end.
Pour ceux qui ont du mal à y croire, pour preuve cette photo prise à l’approche du rocher de l’Impérial du Large, près de l’Ile de Riou.
Malgré ce soleil radieux, une mauvaise nouvelle nous tombait dessus alors que nous nous préparions à embarquer. Le site choisi pour ce matin était … tan tan tan : l’Impérial du Milieu. J’en connais un qui doit rire dans ces moustaches à la lecture de ce récit. Plein de « Pff » ou « enCOOORe ! » se firent entendre de part et d’autre du quai des Goudes. Ca ne ferait que la cinquième fois en un an, que je plongerai sur ce site. La seule chose qui me consolait est que je pourrais aller rendre visite à mon pote le gorgo, et lui tirer à nouveau le portrait sous de nouveaux angles.
Mer d’huile, température de 25° à l’air et 20° à l’eau. Finalement, la journée n’était pas si mauvaise.
Arrivés sur le site de l’Impérial du Milieu, les forts courants remarqués de la surface firent changer d’avis le responsable de la plongée : Yessss (et adieu gorgo) !!! Nous contournâmes donc l’Ile de Riou pour tenter la Pointe de Caramassaigne. Déjà connu de mes services, ce site me plaisait beaucoup plus. Le courant était bien présent ici aussi, mais paraissait moins violent. Je me souvins que c’est ici que j’observai pour la première fois une gorgone rouge, version caméléon, il y a trois ans.
Me souvenant que cet endroit regorge de gorgones rouges, je préférais régler mon APN sur le mode vidéo. Y aurait moins de couleurs (je n’ai pas le phare adéquat), mais le rendu serait plus intéressant. De plus, j’ai déjà pas mal de photos du lieu. Donc, comme d’hab’, descente le long du tombant, les premières gorgones apparaissant dès 8 mètres de profondeur. Puis, en s’éloignant un peu de la paroi, nous retrouvions les gros blocs rocheux, densément peuplés de paramuricea clavata. Bienvenu au royaume de la gorgone rouge. C’est sans effort que nous avancions, puisque le courant perçu en surface nous poussait. Le retour s’avérerait délicat.
Passés la pointe de l’île, le courant disparaissant, nous étions à l’abri. Nous atteignîmes la profondeur de 40 mètres, et je m’aperçus que mon octopus lâchait des bulles en permanence. Je pris donc la décision de m’en servir en priorité, les bulles fuyantes servant au moins à m’alimenter. En dehors des gorgones, notre plongée fut agrémentée de quelques rencontres sympas : quelques branches de corail rouge, une galathée, une mini-murène bien tankée dans son trou, et le Shérif du lieu, une étoile de mer (echinaster sepositus) à 7 bras.
Comme supposé à la descente, le retour le long du tombant fut des plus sportifs. Par moments, palmer ne servait à rien, à part se fatiguer. Le seul moyen d’avancer était de se hisser à la force des bras en s’accrochant à la roche. Le plus délicat fut de trouver des prises sans trop d’animaux fixés. Pour tromper le courant, il fallait se faufiler derrière les saillies rocheuses, et avancer par petits mouvements en profitant des « coupures de courant ».
En rediscutant de cette plongée sur le bateau, nous est venu le regret d’avoir loupé une belle dérivante !!!
Après le traditionnel pique-nique sur le quai, c’est vers l’Ile Maïre que nous partions pour découvrir un site nommé « la Grotte à Corail ».
Crique abritant le site
A priori, ce site n'avait rien d’exceptionnel, si ce n’est ces belles voûtes, que l'on nous annonca ornées de corail rouge.
La grotte a deux entrées, situées à 13 et 15 mètres de profondeur. Son plafond est effondré depuis bien longtemps déjà, les blocs au sol font maintenant partie du décor. Le trou laissé par ces blocs, donne au centre de la grotte une allure de clairière. L’éclairage y est tout simplement surprenant.
En approchant de l’une des deux entrées, il est très important d’être parfaitement équilibré. Touchez le fond et c’est un nuage de particules qui obscurcit le passage. Touchez la voûte et ce sont des dizaines de branches de corail rouge qui cassent et vont rejoindre leurs congénères au sol. Gageons que celles-ci ne resteront pas longtemps au sol. Quelques plongeurs indélicats (si, si, ça existe) sauront se donner bonne conscience en les ramassant.
On nous avait promis du corail ; efectivement, on en a pris plein les yeux !
Corail rouge (corallium rubrum)
En ressortant de ce lieu envoûtant, nous prenions la roche à main gauche pour aller explorer les parois ornées de gorgones jaunes, jusqu’au sable à 26 mètres de profondeur. Autant Caramassaigne regorgeait de gorgones rouges, autant ce site a donné sa préférence aux gorgones jaunes. Parois, failles, anfractuosités diverses, dessous d’éboulis … tout support dur a été colonisé par eunicella cavolinii .
Gorgones jaunes (eunicella cavolinii)
Les supports meubles ont, quant à eux, donné libre cours à l’implantation de gorgones oranges, à l’allure si caractéristique.
Gorgone orange (leptogorgia sarmentosa)
Sur un rocher pelé, je vis le test d’un oursin mort depuis peu, quelques piquants gisant à ses côtés et les restes de sa « mâchoire » toujours présents juste en dessous.
Attiré par un large bouquet d’hydraires, installé sur une gorgone, ce sont des petites anémones qui éveillèrent ma curiosité. Leur support coquillier bien dissimulé par les algues, servait de refuge à un pagure peu farouche, qui accepta de me servir de modèle.
Grand pagure (dardanus calidus) et ses anémones (calliactis parasitica)
Le chemin du retour et notre autonomie en air nous permirent de retourner dans la grotte. La visibilité était bien moins intéressante qu’à l’aller. Dix-huit plongeurs étaient passés par là, au moins une fois déjà … Une mostelle hésitait à sortir de son trou tellement les curieux étaient nombreux. Les dernières minutes d’immersion au-dessus de la grotte eurent leur lot de découvertes. Tout d’abord, ces petits accès à la grotte, interdits aux plongeurs, sous peine de rester coincés.
Puis cette illusion, ce rideau de bulles qui se dressait devant nous, comme un avertissement que la terre est bien vivante.
L’air qui s’échappait de minuscules trous dans la roche, trahissait la présence de plongeurs juste en dessous de nous.
Alors que nous allions entamer nos paliers, une forme dissimulée dans les algues rouges ne put échapper à « œil de lynx ». Un petit poulpe pas plus gros qu’un pamplemousse m’observait, me défiait, puis s’enfuyait en me larguant une dosette d’encre noire à la face.
Après pratiquement une heure de plongée, nous remontions, enchantés de la découverte de ce site, et là je me corrige, exceptionnel, et recelant pas mal de belles choses.
La crique
La même crique, en mode de prise de vue sous-marine. On se croirait soleil couchant !
L’Ile Maïre et la localisation de la Grotte à Corail (google heart)
La petite vidéo qui va bien !!!
Lien : http://www.dailymotion.com/video/k6QZMqz00ad81R3o5Pp