(Bienvenue en ce lieu de perdition, aux nombreuses allusions au sexe, à la bouffe, à la chasse, aux alliances et tromperies, aux comportements les plus singuliers, aux attitudes les plus marginales. Cette rubrique va parcourir le monde sous-marin à la recherche des bizarreries et autres étrangetés de la nature. « Vous avez dit bizarre ! »
Cette rubrique s’adresse, entre autres, à tous ceux qui ne s’extasient pas devant une flabelline se gavant d’hydraires, ou un doris faisant bombance d’une éponge pierre. Toutes ces petites habitudes font partie de l’écosystème sous-marin, où chaque espèce a su trouver sa place)
« Love story »
Holothurie tubuleuse, kezako ?
Mes débuts en snorkelling, puis en plongée, m’ont souvent emmené à observer une espèce de machin long et vraiment pas beau, que l’on pourrait comparer à une crotte !!! Le concombre de mer.
Le concombre le plus fréquent en Méditerranée occidentale, appelé holothurie tubuleuse (holothuria tubulosa), n’attire pas le regard du plongeur de par sa forme exubérante ou par ses couleurs chatoyantes, comme ...
... l'holothurie serpent collante (euapta godeffroyi), de Mer Rouge
... ou l'holothurie crotte d'âne (isostichopus badionotus), des Caraïbes.
Le plongeur se détourne facilement de cet animal, qui attire fort peu la sympathie. Peut-être à cause de son régime alimentaire ! En effet, l’holothurie se nourrit de fragments organiques, ingérés dans de grosses quantités de sédiments ; en gros, elle bouffe sable et débris divers, et récupère ce qui peut lui être agréable. Tout le reste est éjecté par les voies naturelles, sous forme de petits excréments allongés, très reconnaissables.
Mais ce qui nous réunit aujourd’hui, ce n’est pas l’alimentation de l’holothurie, mais son mode de reproduction.
En septembre 2007, je plongeais du côté de Saint-Cyr-sur-Mer, dans le Var. C’était la première fois que j’observais une holothurie dressée.
La Sèche d’Alon, Saint –Cyr-sur-Mer (Var), 2 septembre 2007
J’en conclus, tout bêtement, qu’il s’agissait d’un mâle. La position, vous en conviendrez, est équivoque, non ?
Après quelques recherches, je fus surpris d’apprendre que les holothuries, qu’elles soient mâles ou femelles, se redressaient toutes de la même façon, en relevant leur partie antérieure, en période de reproduction. Cette reproduction a lieu en été, généralement au mois d’août. Tout dernièrement, en septembre 2011, lors d’une plongée sur la Pierre de Briançon, archipel de Riou, à Marseille, nous eûmes l'occasion de profiter du spectacle. Les holothuries, afin de pérenniser leur espèce, se réunissent dans un espace restreint. Là, les mâles se redressent, et confient leur semence à Dame Nature, laquelle va se charger de la donner, en premier lieu, en pitance aux poissons du voisinage, qui vont sauter sur l’occasion. Puis, fera office d’entremetteuse, pour faire se rencontrer gamètes mâles et femelles.
Au contact des gamètes mâles, les femelles, elles aussi redressées, vont à leur tour lâcher leur semence. Sacrée salade de concombres... Cet échange de fluides en pleine mer donnera des oeufs. Les larves, issues de ces œufs, auront une vie planctonique, et à ce titre, seront toujours des proies faciles. Elles passeront par plusieurs métamorphoses, avant de devenir véritablement des échinodermes.
Ce mode de reproduction, en posture dressée, est partagé par certaines espèces d'holothuries, mais ce n'est pas une généralité.
http://www.dailymotion.com/video/edit/xnz7e0_reproduction-des-holothuries_animals
Embranchement : Echinodermes
Classe : Holothuroïdes
Ordre : Aspidochirotes
Famille : Holothuriidés
Genre : Holothuria
Espèce : Tubulosa
Sources : http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_numero=595
http://www.marinespecies.org/aphia.php?p=taxdetails&id=125182
(pour une classification légèrement différente)
Pour les curieux de bio, voir la dernière Minute