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Iles San Benito : "show" les adultes !
Les arides îles Saint Benoît sont au nombre de trois, c’est sur l’île la plus à l’est, Benito del Este, que se déroulèrent nos plongées. L’idée était de contourner un promontoire rocheux pour s’engager dans une petite crique où sont installés les pinnipèdes, phoques et otaries.
C’est sur ce spot que je goûtai pour la première fois à la plongée solo.
La palanquée de quatre se scinda vite en deux, lorsque chacun pensa avoir trouvé le chemin de la crique. Alors que les premiers s’empêtraient dans un espace exigu et goûtaient aux joies de la machine à laver, de notre côté, nous croisions la route d’une raie guitare (zapteryx exasperata).
Puis, mon binôme désirant explorer d’autres lieux, alors que je comptais attendre le retour de mes french comparses (qui jamais ne revinrent), je me retrouvai seul.
Ah, la plongée solo … vaste débat !
Je décidais de suivre le chemin pris par mon binôme, mais ne pouvant le rattraper, je me laissais porter par le ressac le long d’un beau tombant, emporté par le mouvement des courtes pousses de kelp, m’intéressais de plus près aux Garibaldi, mais me faisais pratiquement agressé par les "kelp bass" à la mine patibulaire et bien trop entreprenants à mon goût.
Après quelques minutes, je croisais un groupe, et tout en restant à proximité, continuai seul mon petit bonhomme de chemin. A l’approche de la crique tant recherchée, le ressac fit rebrousser chemin à tout le monde, la visibilité devenant médiocre à cause des innombrables fines particules d’algues et des grains de sable en suspension. Sur le chemin du retour, je retrouvais d'autres plongeurs qui désiraient persévérer dans la recherche de la crique, alors que je voulais reprendre le tombant en sens inverse, et y finir ma plongée. C’était le seul endroit où j’avais croisé une otarie lors de cette immersion.
Bien m’en a prit, car trois individus adultes accompagnèrent mon dernier quart d’heure sous-marin. Sondant, remontant, dansant, gesticulant, en couple, ou en triplette, puis revenant à la charge lorsque je larguai mon parachute pour signaler ma présence au speed-boat, ils semblaient s’offrir à l’objectif de l’appareil photo. Le parachute devenant une nouvelle cause d’amusement.
La présence sur les lieux du Nautilus Explorer attira la Marine Mexicaine. Après cette première plongée, nous reçûmes la visite du "Commandante" du navire militaire, accompagné de quelques gardes armés, qui fouillèrent le bateau, contrôlèrent toutes les autorisations, et vérifièrent les identités de tous les passagers. Ce qui n’avait pas l’air d’offusquer l’équipage, rôdé à ce genre de manœuvres. On nous informa que cette visite impromptue avait pour but d’assurer notre sécurité, et on nous rappela "amicalement" qu’à Guadalupe, on ne touche pas les requins, et on ne sort pas de la cage !
Après ce contretemps, la deuxième plongée fut planifiée.
Elle eut aussi son lot de surprises : une raie-guitare, encore, nous invita à la suivre quelques temps. Puis un requin dormeur cornu (heterodontus francisci) embusqué fut débusqué, et se laissa approcher durant quelques minutes, avant de nous laisser en plan.
Mais nous étions là pour voir des otaries, alors nous tentâmes une nouvelle fois d’approcher la crique. Le speed-boat nous lâcha d’ailleurs tout près. Malheureusement, la situation était encore pire que le matin, le ressac encore plus violent, la visibilité encore plus médiocre. C’est donc sur le tombant que se passa la majeure partie de la plongée. Et là, encore, les otaries adultes firent le show. Jouant tantôt dans l’écume des vagues brisées sur la roche, tantôt dans les pousses de kelp, passant d’une palanquée à l’autre, ça gesticulait, ça se tortillait, ça se déhanchait, ça se contorsionnait, ça défiait les lois de l’apesanteur. C’était tout simplement drôle !
Tout laissait penser que les otaries venaient pour se faire photographier, prenant des poses, s’immobilisant juste devant les plongeurs, lâchant quelques bulles, histoire de faire comme nous.
Le spectacle était total. Tout le monde eut droit à son show particulier. Il suffisait d’être patient et d’attendre son tour. Mais alors que les otaries cherchaient visiblement le contact avec l’humain, un phoque (ou veau marin, phoca vitulina) pointa son nez à proximité mais garda ses distances, se montrant fort timide. Ҫa tournoyait toujours au-dessus de nos têtes, quand une seconde raie-guitare se mêla à la surprise-party. Si bien que nous ne voulions plus sortir de l’eau, nombreux furent les blocs consommés jusqu’aux dernières goulées d’air.
Le temps perdu lors de la visite des marins mexicains ne nous permit pas de replonger au même endroit, la situation s’étant dégradée dans l’après-midi, le ressac se renforçant encore. C’est sur Kelp Rock, un rocher émergeant tout proche, que nous fûmes largués. Pas d’otarie cette fois, même si la possibilité d’en voir existait bel et bien. La roche était couverte de kelp en phase de repousse.
Loin d’être monotone, cette plongée nous proposait simplement autre chose. Enormément de poissons Garibaldi nous accompagnèrent durant le parcours, qui nous amena durant de longues minutes au-delà de 25 mètres (la plus grande profondeur de la journée), nous donna une fois de plus l’occasion de suivre une raie-guitare. Nous fîmes deux fois le tour du rocher, tout en remontant, tandis que la mer perdait de son calme. La remontée sur le speed-boat fut la plus sportive de la journée.
Après cette dernière plongée sur San Benito, le Nautilus Explorer prit la route vers Guadalupe.
Enfin ! allais-je dire.
A SUIVRE ...