Il y a un peu plus d’un an, nous plongions sur la Calanque du Petit Nid, à Sausset-les-Pins (Bouches du Rhône), dès la tombée de la nuit. Je me souviens d’une plongée très sympa, cool, tranquille. Rien vu d’extra, mais bonnes conditions, donc bon souvenir !
Une plongée de nuit est toujours très agréable quand les bonnes conditions sont réunies : eau calme et claire, température acceptable, binôme au top … mais faut avant tout être fan de ce genre de trip, avoir la fièvre en quelque sorte !
Le week-end dernier, nous nous retrouvions à six, entre potes, pour une nouvelle « night dive ». Le choix s’est porté, cette fois, sur le secteur Est de la calanque, sur un plateau rocheux entrecoupé de failles, qui lui donnent la forme d’une main. La température extérieure avoisinait les 20°C, l’eau fut testée à un 19°C … raisonnable.
Du coup, quand mon binôme sortit sa combi étanche, nous avons esquissé quelques francs sourires … C’est le genre de gars à pas trop se mouiller !
véritable gravure de mode
Toujours équipé de mon APN et son caisson, mais toujours sans flash déporté, je laissais tomber l’idée de plonger avec la lentille macro.
La plongée démarrait doucement vers 21h00, alors que la nuit s’était déjà bien installée. Nous évoluâmes pas mal de temps sur un fond de 4/5 mètres, puis trouvions enfin la première faille, qui tombait à 8/9 mètres au sable. Entre les parois (de véritables mini-tombants), la posidonie et le sable, la vie grouillait. Nous nous attardions facilement sur un rouget fouillant le sable, des petites rascasses à l’affût, des cigales craintives, des crevettes en vadrouille, repérables à leurs petits yeux brillants …
Rouget de roche (mullus surmuletus)
Petite cigale de mer (scyllarus arctus)
Crevette jaune cavernicole (stenopus spinosus)
De nuit, la difficulté pour la photo, c’est l’omniprésence de ces petites particules qui viennent se fourrer entre l’objectif et le modèle. J’optais la plupart du temps pour la mise en veille du flash de l’APN, et de me servir au maximum de mon phare. Les résultats sont parfois surprenants. C’est sur le sable que la situation se complique ; même en palmant à un mètre au-dessus, le moindre mouvement peut soulever un nuage de sable et de débris de posidonie. Là, l’orientation du phare est primordiale. Je testais différentes positions, différents effets.
« et Poséidon créa le poisson »
Les petits poissons qui s’esquivaient à notre approche offraient un spectacle très sympathique. Athérine (atherina boyeri)
Captivé par cet environnement, je m’aperçus, à un moment, que nous étions déjà à 39 minutes de plongée, alors que nous n’avions toujours pas fait demi-tour. Mon mano indiquait 150 bars. J’esquissais intérieurement un petit sourire : ça sentait le record tout ça … (même si je ne considère pas la plongée comme une course à la performance).
Les halos des phares de l’autre palanquée, tout en créant une ambiance discothèque, nous indiquaient la direction. Nous les croisions alors qu’ils attaquaient le retour, nous les accompagnâmes sur quelques mètres.
Gorgones jaunes ou blanches, alcyons, ascidies coloniales, parazoanthus, … décoraient les parois. Ces organismes que nous avons l’habitude d’observer de jour, prennent de nuit une tout autre dimension.
Alcyon encroûtant (alcyonium coralloides)
Gorgone blanche (eunicella singularis)
Dans chaque trou, des poissons dormaient ou se cachaient. La plongée de nuit est un moment propice pour une approche très serrée des poissons. Nul besoin de se jeter sur eux ; ils sont là, bougent peu, semblent vous ignorer. Inutile de les éclairer comme un fou. Imaginez être réveillé en pleine nuit, par un éclairage de terrain de foot !!! L’orientation des phares tient un grand rôle dans la quiétude des résidents des lieux.
Crénilabre paon (symphous tinca), endormi
Le retour fut tout aussi intéressant que l’aller. Nous nous repérions grâce aux lumières des lampadaires qui éclairaient la route. Alors que la plongée approchait les 75 minutes, nous nous rapprochions du bord. C’est ce moment que choisirent deux poulpes tachetés, dont un estropié, pour traverser les faisceaux de nos phares. Nous nous attardions sur leurs déplacements, tantôt en pleine eau, tantôt au sol. Celui à qui il manquait des bouts de tentacules nous faisait pitié. Sans doute victime des assauts voraces d’une murène ou d’un congre, il semblait avoir de la peine à se déplacer. Il réussit tout de même à se réfugier dans la posidonie.
Poulpe tacheté (octopus macropus)
Sentant la crampe arriver, j’annonçais à mon binôme ma volonté de remonter. Nous émergeâmes finalement à très peu de distance de notre lieu d’immersion. Et tout ça sans boussole ! L’ordi affichait 85 minutes, mon mano 65 bars.
Il était 22h30, et s’achevait la plus longue plongée de ma carrière.
Suivit un pique-nique, agrémenté de la célébration d’une 200 ème plongée ; on débriefa, on s’extasia, on résuma, on énuméra nos observations … une « after dive » classique en somme.
spot de plongée
La vidéo :