(Bienvenu en ce lieu de perdition, aux nombreuses allusions au sexe, à la bouffe, à la chasse, aux alliances et tromperies, aux comportements les plus singuliers, aux attitudes les plus marginales. Cette rubrique va parcourir le monde sous-marin à la recherche des bizarreries et autres étrangetés de la nature. « Vous avez dit bizarre ! »)
« Le monde de Nemo » et ses deux sympathiques poissons-clowns ont engendré, il y a quelques années, une véritable passion pour ces gesticulants poissons.
Pour un plongeur photographe, le clown déambulant aux abords de son anémone est toujours un spectacle qui mérite de figurer sur quelques clichés.
(Panorama Reef, juin 2013)
Seul poisson-clown présent en mer Rouge, Amphiprion Bicinctus, se rencontre également dans le Golfe d’Aden, aux Maldives, dans le canal du Mozambique, les Mascareignes, à la Réunion, et en mer de Chine.
De la surface à trente mètres de profondeur, A.Bicinctus vit toujours associé à une anémone. Cinq espèces différentes peuvent lui offrir le logis :
l’anémone magnifique (heteractis magnifica),
l’anémone à bouts renflés (entacmea quadricolor),
l’anémone cuir (heteractis crispa),
l’anémone perle (heteractis aurora),
l’anémone tapis ou carpette (stichodactyla gigantea)
(heteractis magnifica, Garden Middle, Marsa Alam, mars 2008)
(heteractis crispa, Uhm al ala, mars 2008)
Il s’éloigne très rarement de son hôte. Il le nettoie en le débarrassant de ses tentacules morts, le protège de potentiels agresseurs, comme les poissons-anges, les poissons-papillons et les balistes, grands amateurs de tentacules. J’eus même l’occasion d’observer des clowns s’attaquant à une tortue qui venait nonchalamment brouter leur anémone.
Les clowns partagent aisément leur anémone avec une autre espèce de poissons, issus du même groupe des demoiselles. En effet, les juvéniles de dascyllus à trois points (dascyllus trimaculatus) passent leur prime jeunesse au sein des tentacules d’anémones.
(clowns et dascyllus, dans une anémone magnifique, Panorama Reef, juin 2013)
En retour, l’anémone lui procure gîte et protection, par ses cellules urticantes auxquelles aucun autre poisson ne peut se frotter. Les poissons-clowns consomment leur nourriture au sein des tentacules, et l'anémone, carnivore, peut profiter des restes de ces repas.
Les sites nommés « anemone city » (Panorama Reef, Daedalus Reef, Ras Mohamed …) regorgent d’anémones, ce sont de véritables jardins. On a du mal, parfois à distinguer un individu de son voisin. Dans ces lotissements, tous les murs sont mitoyens.
(Daedalus Reef, juin 2011)
(Panorama Reef, juin 2013)
Les poissons-clowns vivent en couple ou en bancs de plusieurs dizaines d'individus au-dessus de leurs anémones.
Comme tous les Amphiprions, A.bicinctus est hermaphrodite protandre : au cours de sa vie, un mâle peut être amené à se transformer en femelle.
Le couple fonctionne d’une façon bien particulière. La femelle est plus grosse que le mâle reproducteur, qui est lui-même plus gros que les autres mâles, immatures, et qui attendent sagement leur tour : ce statut social inférieur inhibe fortement leur croissance.
En cas de disparition de la femelle, le mâle dominant prend sa place en se transformant, et le mâle immature le plus grand devient mâle reproducteur.
(Elphinstone Reef, juin 2011, de nuit)
Le rôle du mâle dominant s’étend aussi aux soins apportés à sa descendance.
En premier lieu, il prépare et propose un substrat adéquat (pan de rocher, morceau de corail) à sa belle, pour qu’elle y dépose sa ponte (entre 500 et 1500 œufs) qu'il va ensuite venir féconder.
(Marsa Alam, mars 2008)
Son job ne s’arrête pas là. Il va protéger les oeufs, les soigner, les nettoyer, les ventiler en leur soufflant dessus par la bouche, jusqu’à leur éclosion, entre 7 et 10 jours plus tard. Un vrai papa-poule ! Les larves vont rejoindre le plancton pendant plusieurs semaines, avant de se trouver leur propre anémone. Si le mâle dominant ne se montre pas à la hauteur, il peut être chassé et remplacé. Dur-dur d'être un clown mâle !
Le clown partage, avec certaines espèces de poissons, la capacité d’émettre des sons, par des claquements de mâchoires. Ce mode de communication est utilisé soit pour exprimer son hostilité à un concurrent, soit pour éloigner un danger (un plongeur par exemple), soit pour attirer un partenaire.
Quel photographe n’a jamais été « agressé » par ces petits délinquants, venant lui faire face et cogner le hublot de son caisson d’appareil-photos, en jouant des mandibules. Ou n'a jamais subi des petites morsures sur les bras ou les doigts.
(Panorama Reef, juin 2013)-7885 croisière mixte
grande anémone magnifique rouge :
http://www.dailymotion.com/video/xhdabc_poisson-clown-et-anemone-magnifique_animals
protection de l’anémone :
http://www.dailymotion.com/video/xju5ib_poisson-clown-et-anemone-abu-dabbab_sport
la ponte :
http://www.dailymotion.com/video/xhddop_couple-de-poissons-clowns-et-leur-ponte_animals
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