Mes plongées estivales en Bretagne ne m’ayant pas permis de découvrir les épaves locales, c’est avec grande impatience que je me rendais dans le Var pour m’immerger sur deux joyaux méditerranéens : le Rubis et le Togo. Ma collection d’épaves a encore pris de l’importance avec un week-end spécial carcasses. Deux plongées, deux épaves, distantes de quelques kilomètres, mais que beaucoup de choses séparent.
-Nous avons d’un côté un engin militaire qui a traversé sans encombre le deuxième conflit mondial, pour finir coulé volontairement après de bons et loyaux services.
De l’autre, un navire civil qui fut victime de la première guerre mondiale !
-D’un côté, une épave toute jeune ; de l’autre, une vieille dame bientôt centenaire.
-D’un côté, une épave presque nue ; de l’autre, de la taule envahie par une surabondance d’organismes fixés.
Ce qui rapproche cependant ces deux plongées, c’est la profondeur : celle qui vous limite le temps d’immersion. Et le point commun à ces deux plongées, c’est que l’on reste sur sa faim, avec la méchante envie d’y revenir !
C'est avec le club de l'Eperlan, basé à Cavalaire, que nous partions à la rencontre de ces "mythes" de la plongée sous-marine.
ENVIE DE RUBIS
En ce samedi 7 septembre, nous voilà partis découvrir ce bijou de la Méditerranée.
Ce petit sous-marin mouilleur de mines, de 66 mètres de long, est considéré comme un lieu de plongée incontournable dans le sud de la France.
De 1931, date de son lancement, à 1957, date de sa retraite, il servit la Marine, traversant la guerre sans dégât, puis servant de base d’instruction ou de base sous marine. Il fut coulé en 1958, allant se poser sur un fond de sable à 40 mètres de profondeur.
En arrivant sur les lieux du « naufrage », nous remarquions les excellentes conditions qui nous attendaient : grand soleil, mer calme, pas de vent, pas de courant … alors que l’endroit est connu pour ses courants qui peuvent être fort désagréables. Et cette plongée s’est effectivement déroulée sans problème.
Après une descente le long du bout (toujours se méfier des courants traitres), nous nous dirigeâmes, avec binôme Air-One, directement vers l’avant, afin de découvrir l’engin dans son ensemble, croisant la route de mérous et de dorades royales. En passant au dessus du kiosque, je fis une halte pour admirer la vue.
Puis en nous éloignant de l’épave, je cherchais un organisme digne de figurer sur un cliché. Je trouvais cette étoile, en position d’éjection de gamètes. Sachant que notre temps était compté ici bas, nous nous sommes surtout intéressés à l’épave dans son ensemble, bien aidés par la visibilité et la luminosité.
Nous profitions de courts instants de répit pour photographier la proue, sans aucun plongeur autour.
Posé de la sorte, le sous-marin semblait être en phase de « décollage ».
Mais nous n’étions pas seuls sur les lieux, et comme tout le monde voulait être sur la photo …pas mal de très grosses particules apparaissent de-ci de–là !
Un court passage sur l’arrière détruit du bâtiment, et déjà, l’heure de remontée arrivait. Après 17 minutes de plongée, nous attaquions donc une lente ascension, limitant notre temps de palier à 7 minutes au total. Je n’ai jamais été un grand fana des paliers longs.
TOGO, « GO, GO ! »
En ce dimanche 8 septembre, étant resté un peu sur notre faim la veille avec le Rubis, nous étions prêts à en découdre avec ce fameux « Togo ». Son ancienneté, sa profondeur, ses « garnitures », font de cette épave un autre site remarquable dans le secteur.
Nous avions affaire là à un navire bien plus ancien que le Rubis. Construit en 1882, il transportait du charbon, lorsqu’il heurta une mine en mai 1918. Il se cassa en deux et coula immédiatement, allant se poser sur un fond sableux, en pente, à plus de cinquante mètres de profondeur. Découverte en 1976, cette épave fait depuis le bonheur des plongeurs.
Les conditions de plongée étaient les mêmes que la veille, sauf le soleil qui jouait à cache-cache avec les nuages : mer calme, vent inexistant, courant imperceptible. Le bateau s’approchant pour nous larguer palanquées après palanquées, au cri de « GO GO ! », nous basculions à la rencontre de cette épave mythique. Alors que nous attaquions notre descente dans le bleu, nous croisions la route de ceux qui remontaient déjà.
A nouveau, nous prenions la direction de l’avant, sauf que d’où nous étions, nous ne savions pas où était l’avant. Nous nous sommes fiés au nombre de plongeurs, que nous estimions plus importants sur l’avant. Que nenni, nous nous retrouvions vite sur la cassure. Peu importe, la luminosité n’était pas aussi belle que la veille, et la profondeur accentuait encore la puissance du bleu profond. Les photos de l’épave dans son ensemble semblaient bien compromises.
Ce qui attira très vite l’attention en arrivant sur la carcasse du Togo, ce fut la surabondance des gorgones rouges, qui ont eut ici, tout le loisir de s’étoffer, au cours du siècle passé.
Là où les gorgones ne se sont pas installées, la place a été occupée par d’autres organismes : éponges, algues, ascidies, vers, bryozoaires …
Le long de la coque, ces satanés anthias captaient toute la lumière de mon flash, et de ce fait, aucune photo tirée n’est exploitable. La vidéo fournie en fin d’article étayera bien mon propos.
Estimant qu’aller se fourvoyer à plus de 50 m, avec une visi moyenne et une luminosité réduite, allait limiter notre temps de plongée, nous sous sommes résignés à rester au-dessus du navire. Descendant tout de même à 49 mètres, j’eus la surprise de trouver cette étoile glaciaire tranquillement posée sur une arête métallique.
Le mano et l’ordi nous intimaient alors l’ordre de remonter, avec un court palier à 6 mètres, puis 12 minutes à 3 mètres. Vous ai-je déjà dit que je n’étais pas fana des longs paliers ?
Là aussi, nous restions sur notre faim !!!
Mais tout ne s’arrêtait pas ainsi ! Alors que nous nous morfondions au palier, nous pouvions voir de grosses gouttes de pluie venir s’écraser sur la surface de la mer. Et lorsque nous sortîmes la tête de l’eau, au niveau de la bouée lâchée par l’Eperlan, ces gouttes vinrent s’écraser sur nos masques. Nous eûmes tout juste le temps de signaler notre présence, que déjà le bateau disparaissait derrière les mouvements de l’onde. La Provence nous distillait une averse comme elle sait si bien le faire : le vent, la pluie, et une mer beaucoup moins calme qu’à notre arrivée.
Le plus surprenant, c’est le calme qui régnait sur l’Eperlan. D’habitude, après une plongée, tout le monde raconte ses exploits, révèlent les magnifiques espèces rencontrées … et là, rien !
Parkas, cirés, bonnets et chapeaux étaient sortis ; les gens se blottissaient les uns contre les autres. Avec binôme Air-One, nous en avons profité pour rincer notre matos à l’eau de pluie.
Cette sortie agitée fut un peu la cerise sur le gâteau, après deux jours relativement calmes, pour venir clore ce week-end « spécial épaves ». J’adore ça !
Pour en savoir plus sur ces épaves :