Calvi, août 2014
Suite à un quiproquo/oubli/malentendu, la plongée que j’avais prévue à 14h fut miraculeusement avancée à 12h30. J’ai l’outrecuidance de parler de miracle, parce que se retrouver tout seul sur l’épave de ce fameux B17, en plein mois d’août, relève simplement d’un prodige.
C’est Pascal, de Calvi Plongée, qui me proposa cette solution, ayant d’autres plans pour l’après-midi. Il m’amena donc sur le site, au pied de la citadelle, en quelques minutes de navigation, me guida jusqu’à l’épave, et me "laissa faire ma vie", patientant sagement vers 20 mètres, alors que je profitais pleinement de cette plongée, seul au monde.
Ce club de Calvi m’avait été conseillé par deux personnes différentes : Gérald Vulliez, plongeur suisse et remarquable photographe, et l’autochtone David Paoli, de l’asso Corsica Photosub. Une bien bonne idée qu’ils eurent là !
Revenons à notre épave !
Après le survol des rochers immergés sous la citadelle, puis un vol stationnaire quelques mètres au-dessus de la tôle, le temps d’une vue panoramique du site, nous descendions en piqué sur l’objet de ma convoitise. Pas une bulle, pas une palme, pas une particule soulevée par un quelconque prédécesseur. Et surtout pas une seule silhouette dans mon champ de vision.
Pascal m’a en effet laissé faire ma vie, jouant avec ses bulles dans son coin, jetant de temps en temps un coup d’œil vers le bas pour s’assurer que j’étais toujours là. J’eus tout le loisir de découvrir les murènes cachées dans les restes du cockpit ou dans l’extrémité cassée de l’aile droite, les chapons au repos à l’intérieur de cette même aile, quelques antennes aussi trahissaient la présence de petites langoustes … sans parler du banc de sars qui semble avoir élu domicile sous l’aile gauche. Le cadre est grandiose : l’épave, bien qu'incomplète, repose bien droite sur le sable, entourée de posidonie et de rochers, et présente tout de même une très belle partie avant de la forteresse volante qu’elle fut jadis.
Sorti des usines Boeing de Seattle, ce B17 finit tristement sa vie aérienne en février 1944, au pied de la citadelle de Calvi. En mission en Italie, il fut pris pour cible par des chasseurs allemands, qui tuèrent deux membres de l’équipage et en blessèrent un troisième. De retour vers la base de Calvi, non prévue pour un si gros appareil, le pilote tenta l’amerrissage et le réussit tant bien que mal, à près de 200 mètres des murs de la citadelle, après avoir largué près d’une tonne de munitions. L’appareil, dans le choc, se cassa en deux, la queue se séparant de l’avant. Peu après, le B17 entama, par 27 mètres de profondeur, une seconde vie, celle qui attire les plongeurs du monde entier.
Donc, tout seul sur cette grandiose épave, je débutai ma visite par l’aile droite, puis ses deux moteurs. Je fis ensuite une petite incursion dans ce qu'il reste de la carlingue, juste le temps d’effaroucher une murène, je jetai un œil sur le cockpit et les sièges des pilotes.
Puis ce fut au tour de l’aile et des moteurs gauches. Avant un retour vers le fuselage, et un deuxième passage sur l’aile droite. Après 30 minutes à tranquillement explorer ces vestiges, je me décidai à remonter et rejoindre Pascal, qui voyait ses paliers enfler à vue d’œil, ayant déjà plongé deux fois avant mon arrivée. Je quittais le site, mes yeux ne distinguant plus que la forme de l’appareil dans le bleu, encore tout heureux de la chance qui me fut offerte. Et, encore une fois, je remercie vivement Pascal pour ce voyage !
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